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Courrier des théâtres

Le Figaro – Vendredi 10 décembre 1869

Les Variétés remettent à demain vendredi la première des Brigands. Cette fois, on emploie le fameux adverbe Ir-ré-vo-ca-blement !

Et l’ouverture du Château-d’Eau aura lieu samedi !

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A côté du compte rendu de M. Bénédict, nous pouvons bien, croyons-nous, sans nous livrer à aucune espèce d’appréciation, publiée les deux passages de la Princesse de Trébizonde que madame Céline Chaumont (Régina) a fait bisser.

Au premier acte, Régina, sœur de la Zéphrine des Saltimbanques, dit ces deux jolis couplets à Trémolini-Gringalet, qui lui fait la cour :

I

Quand je suis sur la corde raide,
Il me faut bien montrer, c’est clair,
Une jambe qui n’est pas laide
A tous les yeux qui sont en l’air.
Que le maillot soit blanc ou rose,
Toi, ferme les yeux, et pour cause.
Si tu ne peux pas... (Bis.)
T’y faire,
Ah d’ans ce cas
Tu ne fais pas
Mon affaire !

II

Moi, je t’offre, sans faribole,
Vois, si cela peut t’arranger,
Avec une tête un peu folle,
Mes droits à la fleur d’oranger.
En public,
j’ai l’oeil vif et tendre,
Mais mon cœur est encore à prendre.
Si tu ne peux pas. (Bis.)
T’y faire,
Ah dans ce cas
Tu ne fais pas
Mon affaire !

*
* *

Au troisième acte, Trémolini parvient à se trouver seul avec Régina. Il soupire ; il se désole de n’être pas plus avancé à onze heures un quart qu’à neuf heures vingt. Enfin, Régina, touchée de tant de constance, lui dit « Pourquoi ne m’enlève-tu pas ?... »

C’est là que se place un duo qu’on pourrait appeler le « duo de la Séduction, » entre madame Chaumont et M. Bonnet :

TRÉMOLINI
Moment fatal hélas ! que faire ?

RÉGINA
La nuit nous prête son mystère !

TRÉMOLINI
Je n’ose pas.

RÉGINA
Guide mes pas.

TRÉMOLINI
Quel embarras !

RÉGINA, à part,
II n’ose pas !...

I

Tout est possible quand on s’aime !
Nous marcherons du même pas
Vers ce gai pays de Bohême
Qui pour nous avait tant d’appas.
Faut-il ?... (Bis.)

TRÉMOLINI
Ah ! ne me tente pas !...

RÉGINA
J’ai conservé, par prévoyance,
Ma tunique de taffetas,
Qui par en haut si bas commence,
Et finit si haut par en bas !...
Viens donc ! (Bis.)

TRÉMOLINI
Ah ! ne me tente pas !

ENSEMBLE
L’amour nous le dit tout bas :
Vite, en route !
Ce n’est que le premier pas
Qui coûte !...

TRÉMOLINI
Je consens, partons vite...

RÉGINA
Quoi, sitôt ?...

TRÉMOLINI
Plus de refus !
Ton cœur hésite ?...

RÉGINA
C’est qu’à présent je n’ose plus !...

II

TRÉMOLINI
Viens, je te promets la misère ;
Suis-moi, de tout tu manqueras :
Les diamants seront de verre,
Et les lapins seront des chats.
Viens donc !... (Bis.)

RÉGINA
Ah ! ne me tente pas !

TRÉMOLINI
Viens, je t’aimerai comme quatre ;
Et, pour égayer nos repas,
J’irai même jusqu’à te battre...
Viens donc !... (Bis.)

RÉGINA
Ah ! ne me tente pas !...

Et le duo finit sur un couplet d’ensemble où l’on entend le joyeux clic ! clac ! du postillon qui emporte les deux amoureux.

Jules Prével.

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