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Courrier des théâtres

Le Figaro – Mercredi 23 février 1870

Un artiste des Bouffes-Parisiens nous adressé l’amusante lettre que voici :

A Monsieur Jules Prével

D’Offenbach que rien n’intimide,
Monsieur, je viens de recevoir
Une invitation perfide
A souper pour mercredi soir.
C’est en l’honneur de la Princesse !
Il est cruel de m’inviter,
Et je ne saurais accepter.
Je n’ai pas joué dans la pièce.

Radieux de leurs beaux talents,
Quoi ! je verrais mes camarades
A leur succès boire rasades,
Se gorger de mets, succulents ?
Quand le poulet froid se dépèce,
Mon dépit grandit pas à pas.
A ce souper je n’irai pas...
Je n’ai pas joué dans la pièce.

A mon estomac resserré
La rouge écrevisse est fatale ;
Le Champagne en bile s’exhale
Sur mon amour-propre ulcéré.
J’au revolver que ma main presse
Dans ma poche secrètement
Les coups sont prêts à tout moment...
Je n’ai pas joué dans la pièce.

Je veux, tant mes sens sont perdus,
(Ah ! que Glatigny me pardonne
Ce luxe qu’un acteur se donne !)
Au maître rimer mon refus.
Oui ! mais ces vers que je rapièce
Sont une poison bien ménagé.
Il les lira... Je suis vengé
De ne pas jouer dans sa pièce.

Jean-PauI
des Bouffes-Parisiens.

Jules Prével.

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