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Théâtres

Le Figaro – Mercredi 4 décembre 1867

Les répétitions générales de la nouvelle Geneviève de Brabant vont commencer au théâtre des Menus-Plaisirs ; voici la distribution des rôles :

Sifroy, MM. Gourdon ; – Golo, Daniel Bac ; Charles Martel, Lesage ; – Vanderprouf [1], Leriche ; – Narcisse, Lignel ; – Grabuge, Ginet ; – Pitou, Gabel ; – L’Ermite du Ravin, Deschamps ; – Peterpip, Leroy ; – Saladin, Detroges ; Renaud de Montauban, Gustave ; – Don Quichotte, Perron ; – Drogan, mesdames Zulma Bouffar ; – Geneviève, Baudier ; – Brigitte, Varney ; – Isoline, Vallière ; – Christine, Cellas ; – Gretchen–Yolande, Louisa ; – Dorothée–Griselis, Rose Bruyère ; Faroline–Irénée, Colombe ; – Gudule–Grudelinde, Gourdon ; – Houblonne–Rodogune, Rolland ; – Bibiane–Barberine, Lavaud ; – Armide, Jacobus ; – Rosemonde, Guyas ; – Bradamante, Antoinette ; – Dulcinée, Elisa.

On parle de plus de 200 costumes dessinés par MM. Stop, Bertall et Châtinière, et de 10 décors peints par MM. Fromont et Capelli.

De l’ancienne Geneviève, des Bouffes, il ne reste que le titre ; les auteurs, MM. Hector Crémieux et Etienne Tréfeu, ont refait une pièce toute autre, en 3 actes et 10 tableaux, et M. Jacques Offenbach n’a gardé de son ancienne partition que six morceaux au plus. C’est donc un ouvrage entièrement nouveau dans lequel on nous promet comme intermèdes la famille Martens et un fort jolie ballet, celui des Trois Ages : l’Age d’or, l’Age d’argent et l’Age de fer.

Le théâtre des Menus-Plaisirs profitera des jours de relâche pour faire compléter la décoration de la salle.

La première représentation aura lieu du 18 au 20 décembre.

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La Grande-Duchesse de Gérolstein a vécu ! On l’a joué samedi pour la 200e et dernière fois… de cette année.

Voici le résumé de son histoire, qui tiendra une grande place dans les annales du théâtre des Variétés :

Les deux cents représentations de cette pièce ont produit une recette brute totale de 870,000 francs en chiffres ronds.

Sur cette somme, la part des pauvres a été du onzième, soit 79,000 fr.

Les auteurs – sans parler des primes qui ont pu être stipulées, ni des droits de billets – ont touché sur cette recette 12 %, soit 104,400 francs environ.

En évaluant les autres frais quotidiens du théâtre à 360,000 fr. pour ces deux cents jours, y compris les dépenses de la mise en scène, il doit rester au directeur, M. Cogniard, un bénéfice net de 320,000 fr. à peu près, réalisé en sept mois !

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La Grande-Duchesse a été successivement visitée par deux empereurs, une impératrice et un nombre de rois, de reines, de princes, de princesses et d’archiducs qu’il serait facile, mais trop long d’énumérer.

Si l’empereur d’Autriche ne l’a pas honorée de sa présence, tout en s’étant fait deux fois annoncer, c’est que le temps lui a manqué, et que, d’ailleurs, il avait déjà vu à Vienne cette séduisante personne.

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À ces souvenirs heureux se mêlent deux tristesses : l’accident survenu à Grenier le jour de la 13e représentation, et la mort si soudaine et si navrante de Couder.

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Pendant ces 200 représentations, le public a vu et applaudi :

Trois grandes duchesses : mesdames Hortense Schneider, Emilie Garait et Lise Tautin ;

Deux généraux Boum ; Couder et Christian ;

Trois princes Paul : MM. Grenier, Aurèle et Hittemans ;

Deux barons Grog : MM. Kopp et Blondelet ;

Deux Vanda : mesdemoiselles Garait et Georgette Vernet.

Seul, parmi les principaux interprètes de l’œuvre, M. Dupuis a résisté à la fatigue, aux rhumes, etc., et retardé l’époque de son congé pour tenir jusqu’à la fin son rôle de Fritz. Il est vrai qu’il avait payé son tribut à la maladie avant les représentations. La première fut même retardée par suite d’un mal de gorge persistant.

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Enfin, un dernier détail instructif, qui prouve bien que le métier de comédien n’est pas comme le croient les bourgeois et les Auvergnats, un métier de paresseux.

En prévision des accidents et des indispositions, tous les rôles étant doublés, la pièce a été continuellement répétée et raccordée, si bien que le nombre de ces répétitions et de celles qu’à nécessitées la mise à l’étude dépasse celui des représentations devant le public !

Avant d’enterrer pour quelques mois l’illustre Duchesse de Gérolstein, ces notes rétrospectives nous ont paru présenter de l’intérêt.

Jules Prével.

[1SIC

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