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Théâtres

Le Figaro – Lundi 24 février 1868

Ce soir :

(…) Au Théâtre-Déjazet, première représentation de Genièvre de Brébant, parodie en trois tableaux.

(…) Nous croyons cependant savoir que, si ces messieurs se retirent, les Bouffes redeviendront les anciens Bouffes, sous la direction de Charles Comte, et sous la direction artistique d’Offenbach.

Connaissez-vous l’origine du mot opérette ?

Très probablement, non.

Eh bien ! le mot opérette est de M. Altaroche. Altaroche et Louis Huart dirigeaient alors les Folies-Nouvelles, M. Charles Bridault était leur secrétaire.

Ces messieurs venaient d’obtenir du ministère la permission… que dis-je ? le privilége (il y avait des priviléges dans ce temps-là) de faire paraître trois et même cinq personnages sur la scène. – C’était une extension considérable ; jusque-là ils n’avaient le droit de représenter que des petites machines à deux personnages, qu’ils appelaient saynètes, paysanneries, bouffonneries, folies, – qu’ils appelaient… comme ils pouvaient, en un mot.

Il fallait inaugurer pompeusement ce nouveau privilége de la pièce excédant deux et même trois personnages ; c’était la première… chose ressemblant à une pièce, avec un commencement, un milieu et une fin, une exposition et une intrigue se dénouant au moyen de l’inévitable mariage. On n’avait jamais vu cela… au Folies-Nouvelles !

[Une ligne illisible] et la musique de Sylvain Margeant, alors chef d’orchestre du Palais-Royal ; cela s’intitulait  : La Recherche de l’inconnu.

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* *

On proposa au ministère d’appeler la pièce opéra-comique (c’en était un vrai), on refusa net ; pièce mêlée de chant, comédie avec ariettes, vaudeville, on poussa des cris ; opéra bouffe, on faillit guillotiner ces messieurs.

C’est alors qu’Altaroche inventa le mot opérette, qui séduisit l’administration supérieure, laquelle autorisa cette dénomination avec enthousiasme.

Mais, cela fait, il y eut une discussion des plus graves entre les directeurs, le secrétaire et le régisseur des Folies-Nouvelles. Il s’agissait de décider si opérette serait du masculin ou du féminin !

Après une sérieuse délibération, il faut décrété à l’unanimité que le mot venant d’opéra, on dirait un opérette.

Et voilà pourquoi, depuis, on a toujours dit : une opérette !

Jules Prével.

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