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Courrier des théâtres

Le Figaro – Dimanche 23 juin 1872

A propos du Roi Carotte, il s’est engagé l’autre jour un pari assez curieux entre deux habitués des « premières. »

– Vingt-cinq louis, dit l’un, que la pièce n’ira pas jusqu’à la deux centième ?

– Tenu ! dit l’autre, qui savait de source certaine que la pièce atteindrait au moins le 25 juillet.

Toutes les chances de gain sont du côté de celui qui a parié contre, car le Roi Carotte pourra atteindre sa cent quatre-vingt-dix-neuvième représentation, mais, à coup sûr, il n’ira pas plus loin.

Si vous voulez savoir pourquoi, demandez-le à M. Boulet.

Ce directeur, vous répondra que ce chiffre cabalistique de deux cents l’entraînerait à donner une prime aux auteurs, ce dont il n’a aucune envie.

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M. Boulet avait décidé dans sa sagesse qu’il ne mènerait la féerie de MM. Sardou et Offenbach que jusqu’à la fin de juin, pour la remplacer par le Fils de la nuit, assis dans l’antichambre dictatoriale.

Mais il y a huit jours, le Roi Carotte faisait encore environ 3,000 francs et M. Boulet, malgré son antipathie pour ce monarque, dont le règne a trompé toutes ses prévisions, ne put se résoudre à le conduire à l’échafaud.

Cependant, les engagements de M. Lafontaine, de mesdames Page et Devoyod prenaient date, tandis que ceux de M. Massé et de mademoiselle Seveste expiraient.

M. Boulet pria les Fils de la nuitteurs de reculer leurs débuts d’un mois, tandis qu’il était en instance auprès des Rois Carotteurs pour obtenir une prolongation du même délai.

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M. La fontaine et mademoiselle Page, parmi les premiers, M. Massé, parmi les seconds, se montrèrent seuls conciliants.

Pour remplacer mademoiselle Seveste, démissionnaire, on engagea mademoiselle Siebel.

Sur ces entrefaites, le thermomètre marque 30 degrés à l’ombre.

Voilà comment M. Boulet, à l’heure où les coiffeurs sont impuissants à placer un seul qillet de la Gaîté entra une barbe et un coup de fer, a sur les bras deux Fils-de-la-nuitteurs à payer pour ne rien faire, et une Roi Carotteuse pour ne pas faire grand’chose.

Ajoutons à ces déboires que l’engagement de MM. Laurent et Vannoy, qui ont été appointés au repos après soixante représentations du Bossu, expireront au bout de quinze soirées du Fils de la nuit.

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Mademoiselle Carmen, la jolie quarteronne qui joua, cet hiver : Daphnis et Chloé, aux Bouffes, vient d’être citée devant la septième chambre de la police correctionnelle par une autre actrice dont le nom est inconnu, mademoiselle Gru, Gruc ou Grue.

(…)

Jules Prével.

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