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Gazette de Paris

Le Figaro – Jeudi 14 février 1867

(...)

Un cosmopolite de la plus belle eau, c’est notre confrère Beckmann, du Temps, un aimable garçon né dans les environs du Hanovre, qui a encouragé de toutes ses forces, au Théâtre-Lyrique, la partition de M. Joncières. Ce tout jeune musicien flotte encore indécis entre les eux manières de Meyerbeer et d’Offenbach.

Eh attendant que M. Joncières se décide pour l’un ou l’autre de ces deux maîtres, l’enthousiasme d’un public complaisant l’a placé sur un piédestal, d’où il lui faudra descendre avant fin courant. Depuis que je vais au théâtre, je n’ai vu de claque mieux organisée et, j’ai hâte d’ajouter, plus convaincue que celle de la première représentation de Sardanapale. M. Beckmann était au nombre des enthousiastes. Après la romance du premier acte, dite par M. Monjauze, avec la grâce d’un frère Lionnet, éclata une tempête d’applaudissements suivie aussitôt d’un finale à grand orchestre qui rappelait vaguement Verdi.

– Que c’est beau que c’est beau ! s’écrie Beckmann du Temps et du Hanovre

– Pardon ! osai-je lui dire, mais c’est du Verdi.

– Verdi s’écrie-t-il, mais de sa vie il n’a écrit une pareille page ! Laissez-moi donc tranquille avec votre Verdi, il ne sait faire que des quadrilles !

Si vous le voulez bien, nous en resterons pour aujourd’hui à cette critique de Verdi, signée d’un admirateur de Joncières.

ALBERT WOLFF.

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