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Théâtre des Menus-Plaisirs – Geneviève de Brabant

Le Figaro – Samedi 28 décembre 1867

Nous ne comprenons pas que deux ouvrages lyriques se jouent le même soir à Paris : il serait si facile aux directeurs de s’entendre à ce sujet et de ne point forcer les critiques musicaux à faire un choix.

Chaque journal ne possède qu’un rédacteur musical, et le malheureux est obligé d’envoyer à sa place un ami qui, le lendemain, lui remet des notes incomplètes et mal venues.

C’est ce qui a dû arriver hier soir : la Jolie fille de Perth au Théâtre-Lyrique, Geneviève de Brabant aux Menus-Plaisirs, ont forcé les feuilletonistes à se priver de l’une à l’avantage de l’autre.

MM. Roqueplan et de Saint-Victor avaient préféré les Menus-Plaisir. Notre collaborateur Tarbé, lui, s’est rendu au Théâtre-Lyrique : c’était son droit. Nous publierons demain son article.

En attendant, nous pouvons annoncer un succès certain.

L’ancien livret de Geneviève a été remanié de fond en comble : une foule d’éléments nouveaux sont venus s’ajouter au poème tel qu’il fut représenté au passage Choiseul.

Cependant, le genre bouffe, constatons-le sans trop de regrets – commence à s’user : la forme de la cascade tourne à la monotonie. Il n’y a plus qu’Offenbach et Hervé pour soutenir ce genre ; du reste, ils ont toujours été ses seuls grands-prêtres.

Les deux premiers tableaux glissaient : ils ne sont pas excessivement spirituels, et les auteurs, pour essayer de les rendre drôle, ont eu recours à un esprit parisien un peu commun. Par bonheur, il faut si peu de chose à Offenbach pour reprendre possession du public ! une ariette, un rien, et voilà la salle qui trépigne !…

On ferait bien, pourtant de supprimer dans ces deux premiers tableaux, tous les seconds couplets : les premiers suffiront, et cette suppression allégera beaucoup l’ensemble.

Enfin, au commencement du deuxième acte, l’arrivée des deux gendarmes Grabuge et Pitou et leur chanson d’entrée ont enlevé les spectateurs. Il est impossible d’avoir deux meilleurs têtes et plus de bêtise épaisse dans la cervelle.

Ces deux gendarmes sont joués par Ginet et Gabel. Je vous les recommande : ils sont épiques.

La famille Martens a merveillement [1] chanté une tyrolienne.

Madame de Brigni-Varney a dit avec beaucoup de chic, et d’adresse son premier morceau. Petite, intelligente, mutine, c’est une artiste.

M. Gourdon est un très bon comique, mais pourquoi dit-il toutes ses phrases avec deux genres de voix ? il commence avec la voix de tête et finit par parler du gosier.

Inutile d’affirmer que Zulma Bouffar est un page… à feuilleter, comme disent les auteurs. Charmante dans toutes ses transformations.

La mise en scène est d’une richesse et d’un goût inouïs. Les costumes sont éblouissants.

À demain, le compte-rendu détaillé de notre collaborateur.

H. DE V.

[1SIC

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