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Théâtres

Le Figaro – Dimanche 10 février 1867

Mademoiselle Cora Pearl n’est plus aux Bouffes !

Elle n’a pas joué hier soir : mademoiselle Petit l’a remplacée.

La veille, il y avait eu dans la salle certains murmures qui présageaient une tempête pour les soirs suivants. On parlait d’étudiants venus là avec des dispositions hostiles. La représentation, en effet, ne fut pas calme on murmura, on grogua, et « les huées d’applaudissements » dont jadis parla la France se changèrent, dit-on, en huées… naturelles.

Quelques messieurs, dans une avant-scène, montrèrent à mademoiselle Cora un trousseau de clefs. A cette menace, Cupidon répondit par un geste de gamin mal élevé.

Bref, mademoiselle Pearl en avait assez. Elle avait chanté douze fois

Je souis Coupidon ! Mon amour
A fait l’école bouissonnière…

et elle n’a pas voulu aller jusqu’à la treizième représentation.

Voilà mademoiselle Cora Pearl rendue à la vie de famille et au calme du foyer domestique.

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Le total des recettes des 100 premières représentations de la Vie parisienne est de 407,113 fr. 25 c.

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Lille, 6 février 1867

Monsieur le rédacteur,

Si mon nom n’était prononcé dans une lettre insérée dans votre estimable journal et datée de Lille du 4 février, je dédaignerais, comme je le fais habituellement, de répondre aux insinuations malveillantes ou injustes auxquelles je suis exposé par ma profession ; mais il s’agit aujourd’hui d’une appréciation qui pourrait m’ être préjudiciable, et émanant d’un M. A. Lenoir, caissier à Roubaix, qui doit assurément être très expert dans l’art dramatique, mais qui ferait beaucoup mieux, je pense, de s’occuper de ses affaires.

Il ne m’appartient pas de dire que la Vie parisienne est mieux jouée à mon théâtre qu’au théâtre des Variétés mais, pour la véracité des faits, je vous envoie avec cette lettre le compte rendu de l’Echo du Nord et des extraits d’un article du Mémorial de Lille. Ces documents émanent de gens beaucoup plus compétents que M. Lenoir, et pour le moins aussi véridiques ; ils rétabliront les faits sous leur véritable jour.

Quant à mon appréciation personnelle, la voici . . . . . . . . .

(Ici, M. Vachot donne de grands éloges à ses artistes. Nous ne croyons pas que les droits de la défense nous forcent à insérer des dithyrambes en l’honneur de M. X. et de mademoiselle Y.)

Je ne parlerai pas des costumes et de la mise en scène ; noblesse oblige et mon cadre, mon personnel choral et l’orchestre de Lille, qui est au premier rang des orchestres de province, me mettaient à l’aise pour très bien faire.

Je termine en souhaitant que MM. les auteurs puissent consacrer deux soirées pour voir leur œuvre dans les deux théâtres, et je m’en rapporterai complètement alors à leur appréciation, qui aura une autre portée que celle de M. Lenoir.

Je vous prie d’agréer, etc,

J. Henry Trchot.

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Monsieur Valentin,

N’existe-t-il pas un règlement qui interdit toute coupure dans une pièce sans l’autorisation des auteurs ? On pourrait en douter à Rouen.

Hier soir, à la seconde représentation de la Vie parisienne, le directeur a fait supprimer, sans demander avis à personne, toute la scène X du cinquième acte : le duel aux couteaux. C’est peut être la plus spirituelle de la pièce, et sa suppression rend incompréhensible le dénouement.

Je n’ignore pas qu’à la première représentation on l’avait trouvée longue, mais ce n’est pas une raison suffisante pour la supprimer.

Avec ce système on irait loin, et il n’y a pas de raison pour qu’un jour les directeurs ne mettent Molière et Racine en prose, sous l’ingénieux prétexte que les vers sont peu goûtés en province.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, etc.

Emille de Balledan.

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