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Théâtres

Le Figaro – Dimanche 28 avril 1867

Un accident pénible a attristé et interrompu hier soir la représentation de la Grande Duchesse, au théâtre des Variétés.

M. Grenier, qui joue le rôle du prince Paul, a fait une chute au second acte. Il est tombé sur le genou et ne s’est pas relevé.

– J’ai la jambe cassée ! a-t-il dit.

Tout le monde crut à une cascade.

Le public sourit et les acteurs ne prirent pas la chose au sérieux. On croyait que Grenier plaisantait.

– J’ai la jambe cassée, répéta-t-il.

Ce n’était que trop vrai.

Le pauvre comédien était tombé à faux, et si malheureusement, qu’il s’était brisé la rotule du genou.

On l’a enlevé et il a fallu l’emporter chez lui sur un brancard.

Le public, tristement impressionné par ce malheur subit, a évacué la salle et la représentation n’a pas été achevée.

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M. Grenier est remplacé, dès ce soir, par M. Aurèle.

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Le lendemain de la première représentation de la Grande Duchesse, nous annoncions qu’un journaliste – nous n’osions dire un journal – avait vendu les places mises à sa disposition par l’administration des Variétés. Depuis, des renseignements très complets nous sont arrivés.

Deux fauteuils d’orchestre, portant les numéros 134 et 136, avaient été offerts à l’agence Sari, – qui les avait refusés, – puis vendus-pour cent francs à l’Office des théâtres.

Nous étions décidés à nommer le journal en question ; mais d’après les nouvelles informations que nous avons prises, l’affaire est beaucoup moins grave qu’elle ne le paraît.

La personne à qui avaient été envoyés les fauteuils d’orchestre voulait conduire une dame au théâtre. Ne pouvant les échanger contre deux fauteuils de balcon, elle a vendu ses deux orchestres et acheté deux balcons.

Voilà la vérité vraie il n’y a pas de quoi fouetter un chat, mais nous tenions à vider absolument la question.

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Que deviennent les Bouffes !

Voici ce que nous confie un auteur sérieux qui en causait hier même avec MM. Comte et Offenbach :

Ces messieurs ont reçu des propositions par douzaines. Vous le pensez bien.

Mais, tout examiné, aucune ne leur a paru satisfaisante.

Ce qu’ils veulent avant tout, c’est une réorganisation sérieuse, une réforme radicale. Il faut constituer une entreprise digne du passé de ce charmant théâtre, digne aussi de la valeur personnelle de ses deux parrains.

Or, une réouverture précipitée ne permettrait pas de réaliser cet excellent programme.

Aussi, malgré l’attraction de l’Exposition universelle, malgré la fièvre d’or qu’elle donne à tous les entrepreneurs de spectacle, il parait décidé qu’on ajournera au mois d’octobre cette réouverture !

Certes, voilà un acte de fermeté et de rare bon sens.

D’ici là, on préparera tout pour une énergique et brillante reprise des opérations, et on se sera entendu avec un homme capable de les diriger.

En attendant, Offenbach part demain pour Vienne où il va monter son grand succès de la Grande duchesse.

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Les Bavards n’ont pas eu un très vif succès a Bruxelles, et madame Ugalde a paru un peu fatiguée.

C’est du moins l’opinion de l’Indépendance belge.

Quoi d’étonnant à cela, après la rude campagne des Bouffes ?

La pièce et l’artiste prendront leur revanche aux représentations suivantes.

Le maestro Offenbach a obtenu seul du critique bruxellois un éloge complet.

Jules Valentin.

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