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Correspondance

Revue et gazette musicale de Paris – 23 juillet 1865

Ems, 17 juillet.

J. Offenbach vient de remporter un nouveau triomphe. Coscoletto a réussi par acclamation. – La scène du nouvel opéra se passe à Naples. Un droguiste, Arsenico, et un marchand de cordes de Naples, Polycarpo, poursuivent de leur amour Mariana, femme du marchand de macaroni Frangipani, soupçonneux et jaloux. Mariana, au contraire, en tient pour un petit lazzarone, Coscoletto, qui, de son côté, courtise Delfina, la fraîche bouquetière dont l’étalage est en face de la boutique de Mariana. Coscoletto a été chargé par Polycarpo de remettre un bouquet à Mariana, mais il trouve mieux de l’offrir à Delfina avec une lettre d’amour que le bouquet recèle à son insu. De là, de nombreux et amusants quiproquos. Au lieu de Coscoletto, qui lui avait demandé un rendez-vous, mais pour lui parler de Delfina et qu’elle attendait, c’est Polycarpo et Arsenico qui se présentent, et que suit bientôt Coscoletto ; Delfina, qui l’a vu entrer chez Mariana, le croit infidèle et, pour se venger, court prévenir Frangipani de ce qui se passe. Surpris par l’arrivée du mari jaloux, tous se cachent, et c’est là que se place la scène capitale où Frangipani, qui tremblait d’être mis à mal par les amoureux de sa femme, croit un moment les avoir empoisonnés par un macaroni dans lequel est entrée par mégarde une drogue de l’invention d’Arsenico Par bonheur, on reconnaît vite que le macaroni était inoffensif. Le mari n’a fait qu’un mauvais rêve. Mariana lui rend une tendresse dédaignée par le lazzarone, et Coscoletto épouse Delfina. – C’est sur ce léger canevas qu’Offenbach a brodé les charmantes mélodies qui vont ajouter encore à sa réputation. L’ouverture qui résume les plus jolis motifs de la pièce renferme des effets d’orchestre d’une grande originalité. Les morceaux les plus applaudis ont été le duo entre Mariana et Delfina : Ah ! tiens, c’est vous, bonjour, voisine ! la complainte : Ah ! rendez-moi l’aimable bête, où les deux acteurs imitent de la façon la plus comique les aboiements du chien ; la tarentelle, et le duo entre Coscoletto et la bouquetière, très-largement traité, le finale du premier acte : le Volcan fume, fume ; au second acte, moins fourni de musique, ce sont les couplets de Coscoletto:vS’il est un dieu pour les ivrognes, et le grand finale : Nous sommes empoisonnés, qui ont eu les honneurs. Ce dernier morceau, dans lequel Offenbach se retrouve tout entier, aurait suffi pour décider le succès. L’interprétation du nouvel opéra n’a du reste rien laissé à désirer. Mlle Albrecht, chargée du rôle principal, est en grand progrès et charmante dans le travesti de Coscoletto ; on lui a fait le plus chaleureux accueil. Mlles Lovato, MM. Falchieri, Gerpré et Gourdon l’ont vaillamment secondée. – J. Offenbach conduisait l’orchestre ; il a été demandé sur la scène par le public aristocratique d’Ems : à son apparition, la salle a fait entendre un tonnerre d’applaudissements. La veille de son départ, les musiciens du théâtre lui ont donné une sérénade ; on a joué les motifs les plus populaires de ses opéras, et la foule des baigneurs réunie sur la terrasse a applaudi de tout cœur. – Le nouvel opéra inédit de M. Deffès : Valse et Menuet, est entré en répétition.

S.

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