M. Savard adresse à la Gazette des étrangers, des notes sur la Belgique. Il me semble avoir vu le rideck d’Anvers pendant la morte-saison ; s’il avait pu voir la nuit cette ruelle tapageuse, pleine de femmes de tous les pays, vêtues de couleurs bariolées et criardes, gorges et bras nus, parlant les langues les plus baroques, s’enlaçant au cou des lourds et taciturnes matelots hollandais revenant de loin avec un petit magot dans le gousset et des hectolitres de faro dans le ventre ; s’il s’était trouvé jeté à l’improviste dans un de ces bals, au milieu desquels les mendiants déguenillés viennent demander l’aumône eu glapissant d’étranges chansons et où règne déjà la musique d’Offenbach, mais façonnée à la mode du lieu ; s’il avait vu sur ces scènes nocturnes la neige poser son décor fantastique, notre touriste les aurait peintes de plus violentes couleurs.
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Armand Gouzien.