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Courrier des théâtres

Le Figaro – Samedi 15 mai 1869

Hier matin, un ami de M. Noriac est venu le trouver et lui communiquer un article publié dans le premier numéro, à la date du 11 mai, du journal l’Eventail algérien, gazette et programme quotidiens, ainsi conçu :

« Deux bruits qui courent dans le monde des coulisses, et qui ont, je crois, quelques fondements :

La Diva aurait vidé la caisse des Bouffes-Parisisiens, et le public ne la remplissant pas, le directeur se verrait dans la pénible nécessité de mettre... la clef sur la porte.

Schneider en rirait dans... sa gorge, et Hamburger, à la recherche d’une position plus solide, briguerait la direction des Nouveautés.

H. de Saint-Hilaire. »

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Immédiatement, M. Noriac, accompagné de M. Figeac, se rendit chez le signataire de l’article, et là, séance tenante, M. de Saint-Hilaire, sur les observations faites par M. Noriac, rédigea de sa propre main la note suivante :

« Je soussigné déclare que M. Hamburger, se trouvant avec moi et madame et mademoiselle Lagard, au café de Suède, a dit à cette dernière, devant moi, que le théâtre des Bouffes ne payait plus ses artistes, et qu’il allait se mettre en faillite. Ce propos m’a été répété quelques instants après par mademoiselle Lagard, devant un de mes amis.

Paris, 12 mai 1869.

Signé :

H. de Saint-Hilaire. »

M. Noriac, rentré au théâtre, fit immédiatement convoquer tous les artistes et leur donna connaissance des faits qui venaient de se passer, laissant à leur appréciation le soin de juger la conduite de leur camarade et de prononcer le châtiment.

A la suite de cette réunion, M. Hamburger a été congédié du théâtre des Bouffes-Parisiens.

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En même temps, M. Noriac intentait un procès en diffamation contre M. Hamburger, ainsi que contre le directeur du journal et le signataire de l’article.

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Au moment où nous corrigeons nos épreuves, nous recevons de M. Hamburger une lettre dont nous ne pouvons, vu la gravité de la circonstance, retarder l’insertion de vingt-quatre heures :

Monsieur le rédacteur,

Tout le monde sait que le Figaro est le défenseur des faibles. Moi, victime d’une calomnie, je viens demander une place à votre soleil.

J’ai été chassé honteusement des Bouffes par M. Noriac, directeur dudit théâtre, à la suite d’un article de journal qui m’attribue certains propos calomniateurs contre le théâtre et la direction des Bouffes.

Je proteste énergiquement, et, de ce pas, je porte une plainte au procureur impérial contre le signataire de l’article, et quant à la direction, les tribunaux compétents apprécieront.

Merci d’avance, monsieur le Rédacteur, du service que vous pouvez me rendre.

Hamburger.

Jules Prével.

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