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Échos de Paris

Le Figaro – Vendredi 18 juin 1869

Offenbach – en rupture d’Etretat – rencontrait mardi soir, au café Riche, onze personnes de sa famille, entre autres MM. Gaston et Robert Mitchell, M. et madame Charles Comte, M. et madame Lenz, etc.

Après une séance de deux heures, le maestro se lève et se dispose à prendre congé.

— Du tout, du tout, s’écrient en chœur les convives, nous ne vous quittons pas de la soirée !

— Mais j’ai des courses à faire...

— Nous les ferons avec vous... Où vous irez, nous irons !

Et tout le monde de se précipiter sur les pardessus, les cannes et les chapeaux. Offenbach profite du désordre pour s’éclipser.

*
* *

Alors commence un steeple-chase qui rend vraisemblable le Chapeau de paille d’Italie.

Offenbach enfile la rue de Choiseul, les onze l’enfilent à sa suite ; – il pénètre dans les décombres de la rue Réaumur, ils y pénètrent sur ses traces ; – le maëstro laisse son escorte se démener dans l’ombre, accoste un sergent de ville, et le somme d’arrêter ces gêneurs ; le sergent de ville flaire une mystification et fait la sourde oreille ; – on passe devant les Bouffes, en s’étonnant que le théâtre ne retentisse point des flonsflons de la Diva [1] ; – on traverse le passage, on suit la rue Neuve-Saint-Augustin, on passe devant la Bourse, et finalement on s’engouffre dans le passage des Panoramas.

Et les onze suivaient toujours, et leurs ricanements déchoient les oreilles d’Offenbach.

— Ah ! vous riez ! grince le maestro, nous allons voir si vous rirez tout à l’heure !

Et, résolument il entre aux Variétés.

Il y eut un mouvement d’hésitation parmi les onze, mais ce fut l’affaire d’une seconde, et quelques minutes après ils étaient tous installés, dans une avant-scène.

Mais ce fut le coup de grâce ; avant la chute du rideau, les onze dormaient profondément.

Le maestro ne dormait pas, lui... il filait.

Quelle jolie musique à faire sur ce libretto !

Gageons qu’Offenbach la fera !

L. de Camors.

[1Sic.

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