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Échos des théâtres

Le Gaulois – Lundi 24 novembre 1879

Un écho des répétitions de la Fille du tambour-major aux Folies-Dramatiques :

La scène représente un couvent à Milan. Des religieuses, toutes fort jeunes et très jolies, prient, groupées autour de l’abbesse. Celle-ci s’endort bientôt. Le clan tout entier de ces adorables étourdies se met naturellement à babiller. La révérende mère, qui ne dort que d’un œil, s’éveille, à la grande stupeur des nonnains, qui se remettent à prier de plus belle.

Mais l’œil vigilant de la mère en aperçoit une qui n’a pu reprendre assez vite son attitude méditative.

... Et Mlle Girard, l’espiègle, est mise en pénitence. Sa prière terminée, la pauvrette s’en ira in pace au pain et à l’eau.
— Nous t’apporterons des confitures, doit chuchoter à ce moment une des compagnes de la délinquante.

Mlle X... chargée du rôle, est absente. Plus de réplique.

Offenbach s’exclame et s’indigne.

On le calme, et une des « petites femmes » est alors chargée de la fameuse phrase :
— Nous t’apporterons des confitures !
— Ce n’est pas ça s’écrie le compositeur ; ça manque de nerfs !

La petite s’emballe tout d’un coup, et accentue sa phrase avec une telle intonation et une telle conviction, qu’il y a dans cette offre de confitures une protestation, une révolte, une vengeance.

Offenbach, ravi, sursaute, et, nous dit-on, lève les amendes.

*
* *

Encore une indiscrétion :

Les Français victorieux entrent à Milan. On chante le Chant du départ, que le maître a intercalé dans son œuvre. Il paraît que l’administration du théâtre n’est pas très rassurée – pour le jour de la première, du moins – sur la complication pouvant résulter de l’audition de cet hymne guerrier.

On craint que le public de l’amphithéâtre, mis en goût, ne réclame la Marseillaise. Celui de l’orchestre protesterait peut-être. Alors, tumulte possible. D’où les appréhensions de la direction.

François Oswald.

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