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Petit courrier des théâtres

Le Figaro – Dimanche 9 août 1868

Hamburger, le comique des Variétés, vient de recueillir et de faire imprimer tous les calembours et coqs-à-l’âne débités par lui et ses complices dans la Belle-Hélène. Cet « ana » moderne a pour titre les Ajaxticides ou les Impurs d’Hamburger.

Demandez, messieurs et mesdames, ça ne coûte que deux sous !

L’enfant terrible du Carltheater, à Vienne, mademoiselle Gallmeyer, a eu à Brème une aventure qui, comme bien d’autres, ne s’est pas terminée à sa satisfaction.

Le directeur du théâtre de Brème, connaissant l’esprit puritain de ses habitués, enjoignit à l’actrice en représentation de supprimer le cancan dans l’opérette La Vie parisienne. Mademoiselle Gallmeyer ne tint nul compte et crut devoir donner aux austères spectateurs un échantillon de ses allures vives et dégagées.

Ce fut un haro général : on cria, on vociféra, on siffla, on hua, et mademoiselle Gallmeyer se retira quelque peu confuse. Le lendemain, elle déclara au directeur qu’elle ne reparaîtrait plus sur la scène de Brème. Mais le directeur ne fit ni une ni deux, et lança l’annonce suivante :

« Vu le refus de mademoiselle Gallmeyer de jouer, il n’y aura pas de représentation aujourd’hui. »

*
* *

Sur ces entrefaites, la fantasque et capricieuse comédienne avait bouclé ses malles et se disposait à tourner le dos à la ville par trop grave et trop collet monté pour apprécier ses exercices chorégraphiques.

Mais elle avait compté sans son hôte, c’est-à-dire sans son directeur de théâtre, qui, dans l’intervalle, avait fait des démarches nécessaires, et mademoiselle Gallmeyer reçut un ordre judiciaire d’avoir à payer, avant de quitter Brème, un dédit de 600 thalers pour refus non justifié.

Que faire en pareil cas dans une ville étrangère et en face de juges qui n’avaient pas l’air de plaisanter ? Désespérée, elle télégraphia au secrétaire du Carltheater, son sauveur toujours prêt et toujours fidèle, qui consigna la somme – assez élevée, il faut en convenir – et la soubrette indocile et leste recouvra liberté pleine et entière.

(...)

Jules Prével.

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