Vendredi 7 février 1868
M. Jouvin a profité de la représentation de l’Amour et son carquois à l’Athénée pour raconter en quelques lignes, dans la Situation, comment le vaudeville s’est peu à peu transformé pour finir... en musique :
« Né malin, mais gueusant sa vie durant, le vaudeville s’était contenté de feuilleter la Clef du Caveau et d’attraper, par-ci par-là, une chanson, un refrain en écoutant aux portes... de l’Opéra-Comique : l’opérette mit son ambition et sa dignité à ne rien devoir à personne. « Ma (...)
Samedi 8 février 1868
C’en est fait : Grabuge et Pitou, les bons hommes d’armes de Geneviève de Brabant, passeront à la postérité.
On va les couler en bronze et faire de ces deux grotesques figures un sujet de flambeaux ou de pendule.
La première épreuve sera-t-elle offerte à S. Exc. le maréchal Niel ?
Aux Menus-Plaisirs, madame Collas supplée depuis dimanche madame Brigni-Varney dans le rôle de Brigitte.
C’est la grippe qui force au repos madame Varney, et fournit à madame Collas cette occasion de (...)
Geneviève de Brabant
Dimanche 9 février 1868
Nous avons publié, il y a deux jours, l’opinion personnelle de M. Jouvin sur la nouvelle pièce de l’Athénée, l’Amour et son carquois. M. Paul de Saint-Victor, le nouveau critique de la Liberté, n’a pas poussé l’enthousiasme aussi loin que M. Jouvin – au contraire !
« ... C’était d’ailleurs, dit-il, une malencontreuse idée que celle de revenir à cette mythologie grotesque aussi insipide aujourd’hui qu’une caricature démodée. C’est donc bien drôle, de nous montrer Vénus tirant de sa (...)
Lundi 10 février 1868
Avant-hier, vendredi, la représentation de Robinson Crusoé a failli ne pas avoir lieu par suite d’un accident.
La voiture qui conduisait madame Galli-Marié à l’Opéra-Comique a été complètement renversée rue Le Peletier ; le cocher a été jeté bas du siège et deux roues ont été cassées.
Madame Galli-Marié en a été heureusement quitte pour quelques contusions.
L’éditeur Colombier vient d’acheter la future partition d’Offenbach, aux Variétés, les Brigands ou le Sorcier.
Jules Prével.
Les Brigands
Robinson Crusoé
[Projet non abouti (ou nom modifié)]
Mercredi 12 février 1868
La musique de deux actes – sur quatre – du nouveau Pont des soupirs est déjà répétée et sue au théâtre des Variétés.
On attend pour la suite des études, le retour de M. Offenbach, qui reviendra de Nice vers la fin du mois.
Jules Prével.
Le Pont des Soupirs
Jeudi 13 février 1868
Les dimanches de Geneviève de Brabant se suivent et se ressemblent : la recette se maintient chaque fois au beau fixe de 3,200 fr.
M. Gaspari pourrait bien un jour ou l’autre absorber le café qui, au rez-de-chaussée et au premier, masque sa devanture.
La bouchée est grosse, mais Geneviève aidant, on parviendra bien à l’avaler.
Jules Prével.
Geneviève de Brabant
Vendredi 14 février 1868
Il est question, au Palais-Royal, de reprendre très prochainement la Vie parisienne.
(…) Combien nous préférons à cette singulière expression des regrets du survivant, la tombe si simple, si chaste et si pieusement entretenue de la charmante Emma Livry !… Un papillon dévoré par la flamme !
Son nom seul est écrit sur le marbre, sans date, sans épitaphe, et de blanches couronnes – sans cesse renouvelées – font à cette tombe douloureuse une parure virginale.
Jules Prével.
La Vie parisienne
Le Papillon (ballet)
Dimanche 16 février 1868
Avez-vous remarqué chez les auteurs une tendance à ne plus chercher à expliquer l’idée de leurs pièces par le titre qui figure sur l’affiche ?
Ainsi, depuis quelque temps, nous avons eu une série de titres qui ne signifient rien du tout.
Madame Desroches et Paul Forestier, au Théâtre-Français ; Robinson, à l’Opéra-Comique ; Didier, à l’Odéon ; le Comte Jacques et Miss Suzanne, au Gymnase, etc.
Robinson Crusoé vient d’être joué au Grand-Théâtre de Lyon.
Jules Prével.
Robinson Crusoé
Mercredi 19 février 1868
M. Gaspari avait pris, quand il joua Un tas de bêtises, un brevet pour des roses-réclames artificielles.
Il va exploiter de nouveau ce brevet pour Geneviève de Brabant, et sur les feuilles de la rose s’épanouiront les trognes burlesques des deux hommes d’armes Grabuge et Pitou.
Cent mille de ces fleurs légendes vont être distribuées dans Paris.
Tout n’était pas rose au début de cette entreprise, tout le sera-t-il désormais ?
Espérerons-le, puisque M. Gaspari a en poche un traité (...)
Geneviève de Brabant
Jeudi 20 février 1868
Rien ne manque à la gloire d’Offenbach.
A New-York, on vient de débaptiser le magnifique steamer Ericson pour lui donner le nom de la Grande-Duchesse.
Un russe nous donne un détail trop joli pour que nous soyons seuls à le connaître.
Depuis le voyage du czar à Paris et son auguste visite à la triomphante duchesse de Gérolstein, la censure préventive, qui surveille à Saint-Pétersbourg les articles des journaux, empêche toute allusion maligne et toute appréciation libre à l’adresse de (...)
La Grande-Duchesse de Gérolstein