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Correspondances

Revue et gazette musicale de Paris – 24 novembre 1867

Londres, 21 novembre.

Lundi dernier la Grande-Duchesse de Gérolstein a égayé pour la première fois les échos de Covent-Garden, qui, un peu étonnés d’abord de cette dérogation à leurs habitudes assez solennelles, en ont bientôt pris leur parti et ont répondu, quatre heures durant, au public qui riait de tout son cœur. Le manager Russell savait ce qu’il faisait quand il conviait les Londoniens à venir guérir leur spleen au contact de la dernière extravaganza d’Offenbach (c’est son terme). C’est qu’il n’y a pas de mauvaise humeur, d’hypocondrie, qui tiennent contre les désopilantes drôleries d’un général Boum, d’un prince Paul. La salle était comble ; le vaisseau était peut-être un peu grand pour la portée des voix, qui n’ont aucune prétention au grand opéra, ce qui serait, en somme, bien dommage pour la Grande-Duchesse.

On était fort embarrassé pour trouver une Schneider anglaise ; miss Julia Mathews, qui vient, nous dit-on, d’Australie, s’est chargée du rôle de la souveraine. Elle n’est pas absolument sans reproche, surtout du côté du brio et du laisser-aller ; néanmoins, elle a rempli sa tâche convenablement et à la satisfaction du public, qui lui a fait répéter la chanson du régiment, le fameux Voici le sabre de mon père, qui courra les rues avant huit jours, et la légende du Verre. Les autres interprètes sont : M. Harrisson, qui a très-bien saisi le type transi de Fritz ; M. Aynsley Cook, qui s’efforce de donner au personnage important du général Boum un cachet de vraie originalité et qui y réussit ; M. Frank Mathews (baron Puck) ; M. Stoyle (prince Paul), M. Fréd. Payne (Népomuk), qui ne déparent certes pas l’ensemble, enfin miss Augusta Thomson, qui, pour venir la dernière, n’en est pas la moins applaudie, et à juste titre, dans le rôle de Wanda, et à qui je serais tenté d’attribuer l’honneur de la soirée. L’armée manœuvre comme un seul homme, de manière à faire tressaillir les mânes des fameux grenadiers du grand Frédéric de Prusse.

Somme toute, grand succès, et pour longtemps.

L’Olympic va donner incessamment Lischen et Fritzchen.

W. B. G.

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