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Courrier des théâtres

Le Figaro – Jeudi 5 novembre 1874

Paris répète déjà le refrain des couplets de Judic qui, au premier acte de Madame l’Archiduc, ont transporté toute la salle et décidé du succès d’enthousiasme. Voici ces couplets ; Judic les chante au moment où un tout petit jeune homme (Mme Grivot), qui, sous l’uniforme de capitaine de dragons, se donne des airs de matamore, vient avec ses hommes pour arrêter le comte et la comtesse de Castellardo.

I
Vous, officier ?... et sans moustache ?...
Reluisant comm’ un’ pièce d’un sou ?...
Il marque sur sa sabretache,
C’est pas un homme’, c’est un joujou !
On peut s’mirer dans votre botte,
Votre plastron n’ fait pas un pli…
Vous embaumez la bergamotte
L’eau d’ Cologne et le patchouli.
Au lieu d’ fair’ peur, vous faites rire…
Comment diantr’ ces grands gaillards-là
Acceptent-ils pour les conduire
Un p’tit bonhomm’ (ter) pas plus haut qu’ça ?…

II
Je vois c’ que c’est et je proclame
Que votr’ souv’rain est très poli…
Il sait qu’ pour arrêter un’ femme
Faut qu’un militair’ soit joli…
Si bien qu’au lieu d’un capitaine
Avec un méchant air grognon,
Disant d’un ton de croqu’mitaine :
« Obtempérez, mill’ noms de nom !… »
C’est vous, jeune homme, qu’il envoie
Pimpant, frisé, comm’ vous voilà…
C’est à c’ métier-là qu’il emploie
Un p’tit bonhomm’ (ter) pas plus haut qu’ça !…

Nous ne pouvons pas raconter avec quelle grâce originale Mme Judic chante ces deux complets, ni la façon charmante dont elle répète : « Un p’tit bonhomme !… » Il faut avoir entendu et vu pour apprécier.
Gustave Lafargue.

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