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Courrier des théâtres

Le Figaro – Vendredi 27 août 1875

Pendant que j’étais au bord de la mer, à une cigarette de Granville, dans un petit village dont Saint-Pair est le nom, j’ai lu dans le Figaro que les baigneurs de Villers se plaignaient de ne pas recevoir – le dimanche – les lettres et les journaux de Paris.

La toute modeste, mais charmante station balnéaire où je viens de passer dix jours, possède la moitié du bonheur dont les baigneurs de Villers étaient privés avant que M. Le Libon eût fait droit à la réclamation du Figaro. A Saint-Pair, le dimanche, on distribue les lettres et les journaux le matin. C’est le soir seulement qu’on est réduit à lire… dans les yeux de sa voisine en attendant le courrier du lendemain.

Je viens donc appuyer de ma faible autorité, pour ce petit village une demande semblable à celle qui a été faite en faveur de Villers. Depuis que le chemin de fer va jusqu’à Granville, il vient à Saint-Pair une foule de Parisiens qui, tout en y vivant de la paisible vie de la famille, emportent à la semelle de leurs espadrilles comme un besoin de ne pas perdre de vue Paris une minute.

Or, malgré les splendeurs d’une plage sans rivale, grâce à son immensité et à la finesse de son sable, il est absolument-cruel d’être privé pendant vingt-quatre heures de toute correspondance manuscrite ou imprimée. La saison des bains de mer ne dure pas assez longtemps pour que l’administration des Postes refuse au public cette légère satisfaction. Que cette administration augmente de quelques [mot illisible] traitement déjà si mince du pauvre [mot illisible] facteur, et celui-ci, en nous apportant le dimanche soir le Figaro du dimanche matin, pourra chanter gaiement comme jadis Gil Pérès :

Je suis le facteur rural, etc.

Les baigneurs de Saint-Pair voteront de leur côté, comme ceux de Villers, des remerciements à M. Le Libon.

(…)

Jules Prével.

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