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La Soirée Théâtrale

Le Figaro – Dimanche 29 novembre 1874

Dernière répétition à la Gaîté – répétition de raccords. C’est bien la dernière, par exemple. Tous les Sardou de la terre n’y changeraient rien.
Cette répétition a eu son prologue – dramatique comme la plupart des prologues.
Figurez-vous qu’à force d’entendre crier Sardou, Offenbach a attrapé une extinction de voix terrible. Or, ce soir, le directeur seul pouvait, par ses ordres de la dernière heure, assurer cet ensemble sans lequel il n’y a pas de bonne représentation. Pour cela il lui fallait une voix de commandement, quelque chose de nerveux et de retentissant, une voix qui fait tressaillir les masses, qui domine et qui s’impose. Et le malheureux maëstro n’avait plus qu’un souffle ; moins qu’un souffle. Le cerveau dictait à la bouche des paroles qu’elle était impuissante à proférer.
– Mais il me faut une voix pourtant ! mimait le pauvre Jacques.
Ceux qui sont venus à la Gaîté dans la journée y ont vu partout, dans la loge du concierge, dans le cabinet de Tréfeu, chez Vizentini et chez Offenbach lui-même, des casseroles dans lesquelles bouillonnait de la tisane. À chaque instant des hommes passaient, apportant de la bière chauffée au fer rouge. Le maëstro avalait de tout, de la guimauve, du punch chaud, des jujubes, ces pâtes pectorales.
On m’affirme que, ce soir, l’extinction vaincue comme un simple Gibelin, avait fait place à une voix non pas précisément dominatrice, mais intelligible. (…)
UN MONSIEUR DE L’ORCHESTRE.

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