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Le spectateur parisien

Le Figaro – Lundi 19 novembre 1866

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Ah ! je le sais bien, s’il faut à l’acteur qui débute une énorme dose de sang-froid et de confiance en son talent, encore virginal cependant ; si même, des comédiens, qui ont pendant vingt ans affronté le public, tremblent encore comme au premier jour en paraissant devant lui, c’est chose autrement malaisée et redoutable pour le conférencier, que de venir poser seul, sans répétition préalable, sans mise en scène, sans donneur de répliques, sans interruptions, sans compères, sans claque, sans souffleur, souvent même sans le secours de la mémoire, devant douze cents personnes, les unes indifférentes et disposées à l’ennui, les autres malveillantes et préparées à la raillerie, et, au milieu de ce glacial silence, de cette écrasante attention, sous le feu de ces regards mitraillants, de débiter, quoi ? un monologue, une petite comédie à un seul personnage, dont on est l’auteur et l’acteur, et qui ne peut réussir que par son propre mérite, privée qu’elle est des accessoires d’usage ! Si encore ces discours étaient intelligemment coupés d’exhibitions de jambes à ballets ! Bien mieux, s’ils étaient mis en musique par Offenbach, Hyacinthe lui-même se pourrait hasarder à Valentino, ou savamment conférencer du nez à la salle Scribe ! Mais point.

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Alphonse Duchesne.

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