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Nouvelles diverses

Le Ménestrel – Dimanche 21 septembre 1873

Paris et départements

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VARIÉTÉS. — Dix ans ont passé sur la Vie parisienne sans lui rien ôter de sa vivacité. C’est toujours l’exhilarante fantaisie de deux esprits distingués en goguette, sur laquelle la muse aimable d’Offenbach a noté des mélodies gaies et spirituelles.

Le principal attrait de la soirée consistait à comparer l’interprétation actuelle avec l’ancienne, celle du Palais-Royal. Elle a gagné dans certaines parties et perdu dans d’autres. Il est évident que Dupuis représente un superbe Gondremark, que Zulma Bouffar est restée la sémillante gantière d’autrefois, que Berthelier s’est montré souvent l’égal de Brasseur, que Mlle Berthall est une Pauline bien avenante, que Léonce fait un Alfred ébourriffant [1]. Mais où êtes-vous, Gil-Pérès ? Où êtes-vous, Priston, Lassouche, piquante Honorine, séduisante Montaland, étonnante Thierret ?

Une des moindres surprises de la soirée n’était pas la réapparition de Mlle Devéria. On se souvient quelle majestueuse et belle personne elle était dans Les Turcs, quel type achevé de beauté et de plastique imposante. Eh bien ! aujourd’hui, Mlle Devéria est un sylphe, elle est mince, plus que mince, elle est impalpable, elle est Sarah Bernarht ! Il n’y a que les femmes de théâtre pour opérer des métamorphoses aussi complètes. Déjà il y en a eu des exemples surprenants, mais celui-là restera fameux entre tous.

Hélas ! chez Mlle Devéria, le talent aussi semble s’être aminci. Elle avait, cependant, bien dit ses couplets d’entrée : Connais pas ! Mais elle s’est tout à fait compromise dans la Lettre à Métella, et cela peut être pour avoir voulu trop bien faire. Elle a trop souligné, et mis de prétention où il ne fallait que de la simplicité. Artiste intelligente, Mlle Devéria saura se relever.

En résumé, tous comptes et décomptes arrêtés, nous croyons que cette reprise sera fructueuse pour le théâtre des Variétés.

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Arthur Pougin.

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[1SIC

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