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Petit courrier des théâtres

Le Figaro – Samedi 31 octobre 1868

Les pièces de théâtre qui font de l’argent sont la Providence des voleurs à la tire ; aussi il faut voir avec quelle assiduité ils suivent les pièces en vogue.

Avant-hier au soir, dit la Liberté, un de ces amateurs, qui avait fait une rafle assez raisonnable de porte-monnaies dans les sorties des entr’actes de la Périchole, résolut de terminer la soirée par un coup de maître. Il avait remarqué aux loges de galeries une jeune femme dont la montre était soutenue par une chaîne du dernier goût. Cette chaîne lui parut si jolie qu’il résolut de s’en passer la fantaisie.

Il commençait à la marchander du bout des doigts, quand un sergent de ville en bourgeois, qui connaissait le drôle de longue date, et qui jamais n’était parvenu à le prendre en flagrant délit, lui posa la main sur le collet :

— Tu voleras donc toujours dit l’agent en fermant le poignet comme un étau.

— Vous vous trompez, sergent, fit le prestidigitateur, je ne suis pas un voleur, je suis professeur de danse.

— Je ne m’étonne plus si tu fais si bien la chaîne des dames.

Et, tout fier de cette calembredaine digne d’Hamburger, le sergent introduisit son client au poste.

On écrit de Madrid, le 27 :

« Le théâtre de Bufos monte en ce moment une traduction de la Grande-Duchesse de Gérostein dont les représentations furent interdites l’hiver dernier par la censure, qui y voyait des allusions blessantes pour une très grande dame. »

Jules Prével.

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