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Théâtres

Le Figaro – Lundi 19 novembre 1866

Avant de vous dire le résultat de la campagne entreprise hier par les Chevaliers de la Table-Ronde au théâtre des Bouffes-Parisiens – laissez-moi complimenter la direction d’une galanterie que je crois inédite.

De chaque côté du contrôle, l’administration de la salle Monsigny avait dressé deux buffets – non des buffets surchargés de gâteaux, pâtés ou liqueurs, mais des dressoirs élégants sur lesquels on avait entassé des montagnes de fleurs, des milliers de bouquets.

Dès qu’un couple présentait son coupon au contrôle, les desservants de ces autels fleuris se détachaient de leur poste et remettaient dans les mains de la dame un de ces odorants faisceaux.

Cette mesure assez adroite a prévenu l’assistance en faveur d’une œuvre qui eût pu être moins bien accueillie sans le prologue, parfumé. Quant à nous, à qui les effluves des calices ne doivent pas faire oublier les devoirs de la critique et les obligations de la franchise, nous nous bornerons à dire que les Chevaliers de la Table Ronde ne porteront pas un coup fatal à la gloire d’Offenbach, ni au talent de ses librettistes ordinaires. Et si nous constatons le fait, c’est avec un profond regret, car nous eussions aimé saluer d’autres étoiles. Il y a place pour plusieurs princes dans le royaume de l’opérette.

M. Hervé est d’autant plus coupable qu’il a une valeur de composition musicale réelle, reconnue et appréciée. En consacrant plus de soins et plus d’étude à sa partition, il eût certainement mieux réussi. En ce qui concerne MM. Chivot et Duru, je m’attendais à les trouver plus spirituels, plus neufs, et plus extravagants. Faire dire : Zut ou Je la trouve mauvaise, à des héros des âges passés, ne suffit plus aujourd’hui pour dérider le public.

Jules Valentin.

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