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Théâtres

Le Figaro – Jeudi 6 juin 1867

Les journaux belges nous apportent les comptes rendus de la première représentation de la Grande-Duchesse, à Bruxelles.

Même appréciation qu’ici pour le poëme ; éloges unanimes du premier acte.

Enthousiasme raisonné de la musique d’Offenbach.

L’interprétation a eu également les mêmes chances que chez nous, toute différence gardée entre les artistes d’ici et de la-bas.

Madame Delvil est une grande-duchesse très réussie.

Le rôle du général Boum a porté bonheur à son interprète.

Celui de Fritz, au contraire, ne cause que déveine.

En résumé, la pièce se jouera, avec grand succès, soixante ou quatre-vingt fois. C’est énorme à Bruxelles.

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Les boudeurs et les formalistes se sont étonnés que le czar Alexandre, à peine arrivé, soit allé, comme un Parisien du boulevard, applaudir la Grande-duchesse de Gerolstein.

Ils ignorent sans doute que le théâtre des Variétés jouit en Russie d’une réputation et d’une vogue traditionnelles.

Rostopchine, l’incendiaire de Moscou, était, à Paris, le plus fidèle habitué des Variétés, fréquentait chaque soir le foyer des artistes, et s’égayait fort à la parodie de Werther, pièce de M. Rochefort père, le grand succès de cette époque.

D’ailleurs, c’est bien le moins qu’un empereur en voyage soit libre dans ses préférences. Pour nous, elle est tout à fait de notre goût, cette fantaisie du souverain d’un pays où – il n’y a pas douze ans – le régime militaire était seul apprécié et où l’on porte encore de si vastes épaulettes !

En riant des saillies qui blaguent si gaiement les hauts panaches et les grands sabres, les empereurs semblent donner un gage à la paix des peuples.

En vertu du proverbe : J’ai ri, je désarme, je suis désarmé.

Jules Prével.

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