Les populations se sont émues de la querelle trop prolongée qui a surgi entre deux hommes d’Etat, tout deux remarquables à divers titres, et appartenant à la presse dite supérieure : MM. Robert Mitchell et Ernest Dréolle.
Ces discussions sont inutiles, et ne sauraient profiter à l’intérêt général ; nous croyons donc qu’il serait désirable pour tous deux, – et pour la galerie elle-même – de les voir s’arrêter. La conciliation nous paraît chose possible et praticable entre l’Ajax du Public et l’Achille du Constitutionnel.
En effet, après avoir impartialement résumé les débats, nous reconnaissons qu’ils se réduisent sommairement à ceci : M. Mitchell blâme M. Dréolle d’être resté le Théramène et l’admirateur fidèle de M. Rouher, tandis que M. Dréolle reproche à M. Mitchell d’être le beau-frère du maestro Offenbach.
Tous deux nous paraissent également dans leur tort.
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Tel est notre avis.
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Nous déclarons exonérer complètement M. Dréolle du blâme qui lui est adressé par M. Mitchell.
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Maintenant, quant à ce qui concerne le reproche fait à M. Mitchell par M. Dréolle d’être le beau-frère d’Offenbach :
Attendu que ledit Mittchel, d’après les derniers documents publiés dans le Figaro, est devenu le beau-frère d’Offenbach dès l’âge de dix-huit mois ;
Attendu qu’à cet âge encore tendre, nul n’est encore parfaitement responsable de ses actes, et que d’ailleurs il est peu probable qu’on ait alors pensé à solliciter son avis ;
Attendu que devenu majeur, ledit Mitchell n’a pu faire autrement qu’accepter le fait accompli ;
Nous déclarons qu’en tout état de cause ce fait ne saurait lui être imputé.
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M. Dréolle semble avoir quelques préventions contre le talent d’Offenbach. Pourquoi ? Chacun de ces deux messieurs a son public à lui : rien ne devrait donc les diviser, ils sont hommes à s’entendre.
Nous savons bien que M. Dréolle a cru découvrir certaines insinuations dans la Grande-Duchesse, mais ces insinuations ne sauraient en aucune façon être attribuées au maëstro ; la Grande-Duchesse était du reste antérieure à l’élévation de l’honorable publiciste.
On a dit aussi qu’Offenbach se fatiguait et qu’il était vivement question de le mettre au Sénat. Ceci peut être placé dans la catégorie des fausses nouvelles.
Le règne d’Offenbach n’est pas près de finir ; aussi, nous ne désespérons pas de voir revenir M. Dréolle de ses injustes préventions.
En tout cas, M. Mitchell n’y est pour rien.
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Le greffier,
BEHELLE.