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La semaine parisienne

Le Figaro – Dimanche 5 septembre 1869

(...)

A ce sujet, laissez-moi vous conter l’histoire que voici :

Il y a quelques années, Offenbach et Crémieux étaient à Ems, ils collaboraient pour Robinson et... la roulette. Deux pièces qui n’ont pas eu de veine. Un matin Offenbach dit à Crémieux :

— Il faut nous occuper du troisième acte.

— A qui le dites-vous s’écria Hector, nous en recauserons aussitôt que nous serons refaits.

— Mais, malheureux, nous sommes décavés.

— Je le sais, fit Crémieux, mais cela ne prouve qu’une chose.

— Laquelle ?

— Il faut nous recaver.

— Avec quoi ?

— Je n’en sais trop rien ; mais il faut nous recaver.

L’arrivée de Briguiboul, le directeur d’Ems, interrompit ce duo.

— Je sais que vous perdez beaucoup, dit-il à Crémieux, et je viens vous offrir un moyen de vous refaire.

— Voyons.

— Faites une pièce avec Offenbach pour le théâtre d’Ems.

— Volontiers.

— Puis-je compter sur vous pour l’année prochaine ?

— Jamais ! s’écria Crémieux, je vous la porterai demain matin.

En six heures Hector improvisa : les Eaux d’Ems [1] ; en six heures, Offenbach écrivit la musique ; – le soir la pièce fut remise à Briguiboul.

Le lendemain, à l’ouverture des jeux, les deux collaborateurs travaillaient la roulette, à midi ils étaient refaits.

(...)

Don Quichotte.

[1Sic. Les Eaux d’Ems est une opérette en un acte de Hector Crémieux et Ludovic Halévy, musique de Léo Delibes, représentée pour la première fois le 9 avril 1861 au théâtre des Bouffes-Parisiens.

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