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Nouvelles diverses

Le Ménestrel – Dimanche 6 octobre 1850

Les grands journaux ont rendu compte d’un horrible événement dont le château de Villelouet, près Blois, a été le théâtre, et dans lequel un de nos artistes en renom a figuré d’une manière bien honorable, mais aussi bien douloureuse. Voici les faits : le 27 du mois dernier, vers une heure après minuit, Mme de Vaines, jeune et charmante femme de vingt-quatre ans, nièce par alliance de M. Guizot, de retour du château de Chaumont, entrait dans sa chambre à coucher, laissant dans une pièce située au même étage sa tante et sa cousine, Mme de Froberville et M. Offenbach qui était venu passer quelques jours au château de Villelouet, où il avait donné la veille un concert au profit des pauvres. Mme de Vaines se désabillait [1] seule devant la cheminée, quand tout à coup sa robe de mousseline, imprudemment approchée du foyer, prit feu. Saisie de frayeur, la jeune femme s’élance hors de la chambre en criant au secours. La rapidité de la course augmente la violence, du feu ; elle est enveloppée de flammes. M. Offenbach était le seul homme qui se trouvât en ce moment au château ; MM. de Vaines et de Froberville arrivaient plus tard de Chaumont par une autre voiture. L’artiste ne perdit pas la tête. Après avoir vainement cherché à étouffer- le feu avec ses mains, tandis que ces dames arrachaient par lambeaux les vêtements enflammés, M. Offenbach s’élançant dans une autre chambre, saisit une couverture dans laquelle il roula la malheureuse madame de Vaines. La figure, le cou, le haut de la poitrine n’avaient reçu aucune atteinte, mais les bras, le dos, tout le reste du corps ne formaient qu’une plaie. Un instant on crut qu’aucun organe n’avait été attaqué, et l’on espérait une heureuse guérison ; mais lundi soir, la malheureuse jeune femme a succombé. Mme de Froberville et M. Offenbach, ont eu les mains gravement brûlées, et il résulte des informations que nous avons prises, que les blessures de l’éminent artiste font craindre qu’il ne soit de longtemps en état de reprendre le violoncelle qu’il maniait avec une si originale supériorité. La main droite tout entière et deux doigts de la main gauche ont été atteints cruellement par les flammes, et sont le siège d’une intolérable souffrance. Nous voulons espérer que la science triomphera de ce funeste accident et qu’elle nous rendra dans la plénitude de son talent l’artiste qui occupe un rang si honorable dans le monde musical.

[1Sic.

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