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Courrier des théâtres

Le Figaro – Mercredi 10 mars 1875

Tout le monde sait avec quelle rapidité l’opéra-bouffe de Geneviève de Brabant a été monté à la Gaîté.

Il paraît qu’aux Bouffes – en 1859 – il en a été de même ; voici ce que raconte M. de Lassalle dans une petite brochure parue il y a quelques années :

Offenbach avait mis tout son monde sur pied. Les habitants de la rue Monsigny – côté impair – pouvaient sans quitter leurs pantoufles, juger de l’activité qui régnait au théâtre. Il ne fallait pour cela que plonger du regard au travers de ses murs presque transparents à force de fenêtres.

Là, c’était le coffre-fort aux grosses recettes que l’on ouvrait à deux battants, de l’autre côté de la façade, un homme, qui semblait prisonnier dans une espèce de cellule, travaillait sans trêve ni merci à copier et collectionner des parties d’orchestre.

Plus haut c’était l’atelier du costumier tout ruisselant d’étoffes chatoyantes. À la porte veillait un cerbère qu’on eût pris à son képi et à sa tunique pour un lycéen dans sa vingtième année de rhétorique.

Cet impassible gardien de la porte – à qui il faudrait offrir par souscription une hallebarde d’honneur – avait peine à surveiller le va-et-vient frénétique des artistes, des régisseurs, des machinistes et des habilleuses qui entraient et sortaient avec une agitation voisine de l’effarement.

Ce n’était plus un théâtre, mais une ruche, et, pour compléter l’illusion, il s’en échappait de temps à autre comme des bourdonnements. C’étaient des voix confuses et encore mal disciplinées qui répétaient au son d’une chanterelle obstinées :
– O seigneur public ! que d’efforts pour contenter tes insatiables appétits !

Gustave Lafargue.

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