Le chasseur B..., en garnison à Boulogne, s’était épris de mademoiselle de Salles qui chantait avec un vrai entrain, au théâtre de cette ville : Ah ! j’aime les militaires !...
Le pauvre garçon avait pris cela pour une déclaration à son endroit.
N’y tenant plus, brûlant de mille feux pour la Schneider boulonnaise, il s’arma de courage, et, mettant la main à la plume, il écrivit une amoureuse épître, laquelle resta sans réponse, [1]
Une telle cruauté fit perdre la tête au guerrier ; il s’en prit à son fusil, qu’il brisa volontairement, délit sévèrement puni, comme on sait, par la loi militaire.
Cet acte de désespoir a conduit notre amoureux à Lille, où il va être soumis au jugement du conseil de guerre.
Aux temps mythologiques, l’amour vaincu brisait son arc ; en 1869, il démolit son chassepot.
Quelle décadence !
Jules Prével.