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Courrier des théâtres

Le Figaro – Mardi 27 juillet 1869

Voulez-vous des nouvelles d’Offenbach ?

Vous savez qu’il est à Bade, où il surveille les dernières répétitions de la Princesse de Trébizonde, mais ce que vous ignorez probablement, c’est qu’il est visible tous les jours, de trois à cinq heures, à la Conversation, où il ébaubit les populations autant parce qu’il est Offenbach qu’à cause de l’excentricité de ses costumes.

Quand on voit poindre à l’horizon un pantalon jaune avec gilet à l’avenant auquel s’emmanche un veston de velours bleu de ciel, plus des gants gris perle et un chapeau vert à la Fra Diavolo, agrémenté d’une plume de paon, le tout surmonté d’une ombrelle rouge à long manche ; quand, au milieu de tout cela, on distingue quelque chose comme un homme qui se démène, on peut être assuré d’avoir devant les yeux l’auteur d’Orphée aux Enfers.

Il va et marche, distribuant à droite et à gauche les sourires et les poignées de mains, pleins d’humour, décochant de-ci de là quelque trait à l’adresse de ses rivaux, – j’ai nommé Hervé ; – au demeurant le meilleur homme du monde.

Offenbach est bien le lion de la situation... badoise.

Quel Juif errant que Berthelier ! Nous avons peine à le suivre dans ses courses folles à travers la province.

Après 22 représentations données à Lyon en 34 jours, il emporte pour sa part un bénéfice de 14,642 francs ; – c’est en cela seulement qu’il damne le pion aux six sous du bon juif.

De Lyon, il est allé donner un concert à Aix-les-Bains, concert auquel assistait le vicomte de Laferrière.

Hier dimanche, il chantait à Beaune, dans un grand festival.

Dans quelques jours il sera à Vichy, puis, vers le 14 août, il retournera jouer à Lyon, en compagnie de madame Thierret, l’Ile de Tulipatan et la Vie parisienne.

Ouf ! je suis presque aussi fatigué que lui.

Jules Prével.

(...)

A Bade, le joyeux Désiré a été malade et alité pendant quatre jours.

(...)

Les Bouffes ont donc vaincu sans lui dans plusieurs soirées.

(...)

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Il paraît que le maestro Offenbach n’est pas content.

Il trouve que les répétitions de la Princesse de Trébizonde ne marchent pas.

Et il voudrait les voir courir.

Il s’en est plaint l’autre jour avec l’éloquence véhémente de Démosthène, mais dans un langage moins harmonieux.

Son superbe chapeau tyrolien à la plume d’aigle en tressautait sur son front courroucé.

Les artistes redoublent donc d’ardeur. Mais, à dire vrai, l’étude de cette pièce commencée à Bordeaux, continuée en chemin de fer et achevée si près du salon de jeu, n’a pas toujours été pour eux comme sur des roulettes.

Mais Offenbach, un piocheur, ne badine pas pour le travail.

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* *

(...)

Gustave Lafargue.

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