(...)
Vous savez à présent que je parle de notre élégante et distinguée Finette, celle qui a importé le cancan à Londres sous cette piquante dénomination : Danse nationale de la France.
(...) Il faut voir notre grande cantatrice Finette faire son entrée sur la scène de l’Orpheum : c’est un rêve d’opium ! Elle arrive dans une carriole traînée par un attelage de chiens, saute sur les planches, salue le public et, ô enchantement des enchantements ! elle attaque la ronde du Brésilien, arrangée pour une voix et deux jambes.
C’est un art nouveau dont je voudrais vous donner un échantillon. Figurez-vous la ballerine ambulante en jupe de danseuse, avec des roses dans son chignon et chantant ainsi le refrain d’Offenbach :
« Voulez-vous ?
(Ici, Finette lève la jambe droite à la hauteur de l’œil.)
» Voulez-vous ?
(Même jeu de la jambe gauche.)
» Voulez-vous accepter mon bras
(A ces mots, Finette couche le public en joue avec la jambe droite.)
Et reprend :
» Mais l’autre ne répondit pas »
Puis, sur la ritournelle, notre immortelle Finette exécute un de ces cavaliers seuls dont la tradition menace de se perdre. C’est de la folie furieuse, et l’on ne sait s’il faut admirer ce public qui applaudit ou cette grande artiste, à qui nous devons l’art cancano-lyrique.
Albert Wolff.