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Courrier des théâtres

Le Figaro – Lundi 15 novembre 1875

La question du Théâtre-Lyrique

Il est toujours question de l’affaire du Théâtre-Lyrique, et quelques-uns de nos confrères ont désigné M. Vizentini, le directeur de la Gaîté, comme étant sur le point d’obtenir la subvention.

Nous croyons être bien informés en disant ce qui empêche l’affaire de se conclure. Le ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, M. Wallon, ne peut pas ignorer, qu’à côté de M. Vizentini, il y a d’autres personnes intéressées aux destinées du théâtre de la Gaîté. Par exemple, en dehors des engagements qui lient M. Vizentini à M. Offenbach, M. Offenbach est responsable pendant cinq ans encore, devant la Ville de Paris et la Société parisienne. Le ministre se demande si ces tiers ne se trouveraient pas dégagés par le fait même du changement de genre du théâtre.

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Les matinées dramatiques

M. Sarcey inaugurait hier les matinées du Vaudeville par une conférence sur la théâtre de Duvert et Lausanne.

Notre, confrère a parlé pendant une heure : durant vingt minutes, il nous a vanté le talent des auteurs de l’Homme blasé et de Riche d’amour et, pendant les quarante autres minutes, il a éreinté l’opérette.

Vous savez que l’opérette est la bête noire de M. Sarcey. Il l’a prise en grippe il y a un an. Aujourd’hui, c’est de l’horreur qu’il a pour elle. Il en deviendra fou, – avant six mois.

La Boulangère a, notamment, été prise à partie par lui. Le premier acte est charmant, selon lui ; mais, toujours selon lui, le second ce vaut pas grand’chose, et le troisième ne vaut pas le diable.

M. Sarcey, qui avait déjà dit cela, ou à peu près, dans son feuilleton du Temps, ne se contente pas du rez-de-chaussée de ce journal pour exprimer ses opinions personnelles. Le voilà qui part pour la croisade et qui, armé d’un verre d’eau sucrée, prêche pour sa haine et cherche à embrigader les spectateurs. N’a-t-il pas eu, dans la péroraison, l’idée singulière de prier ses rares auditeurs de faire avec lui le serment de ne plus aller voir des opérettes ?

Je ne sais pas jusqu’à quel point cet appel au peuple a été du goût de M. Ernest Bertrand, frère du directeur des Variétés. Offrir l’hospitalité à un conférencier qui vient débiner le commerce de vos parents ! Il n’a pas dû la trouver drôle. (…)

La Gaîté, elle, recevait la Comédie-Française devant une salle comble.

(…)

A six heures et demie, la foule quittait la salle, se croisant dans les couloirs avec les spectateurs qui y arrivaient pour la représentation du Voyage dans la Lune. (…)

Gustave Lafargue.

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