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Revue musicale de l’année 1866

Revue et gazette musicale de Paris – 6 janvier 1867

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Pour compléter le bilan des travaux de nos théâtres musicaux pendant l’année dernière, que nous reste-t-il à dire ? Qu’au théâtre des Bouffes-Parisiens, délaissé par Offenbach, son fondateur, il s’est produit une Didon en deux actes, paroles de M. Belot, musique de Blangini fils. Après une clôture de plusieurs mois, ce théâtre courageux a rouvert, toujours sans Offenbach, et même malgré Offenbach, par la grâce de Mme Ugalde et de M. Varcollier, son mari. C’est avec le concours de la célèbre artiste que se sont produits les Chevaliers de la Table ronde, trois actes, paroles de MM. Chivot et Duru, musique de M. Hervé.

Le théâtre des Fantaisies-Parisiennes, sous la direction de M. Martinet, n’a pas encore trouvé la voie qu’il cherche, entre la musique et les cascades. Sera-t-il une succursale des Bouffes-Parisiens, ou bien une pépinière d’auteurs et d’acteurs pour l’Opéra-Comique ? On ne saurait le dire en le voyant osciller d’un genre a l’autre, reprendre les Rosières d’Hérold, et donner le Baron de Groschaminet de MM. Nuitter et Duprato.

Quant à Offenbach, il n’hésite pas : il persiste dans sa voie et dans son genre ; seulement il n’a plus de théâtre fixe ; il forme à lui seul une espèce de corps franc musical, toujours prêt à se porter légèrement du côté où on l’invite et on l’appelle : aux Variétés, pour y donner Barbe-Bleue ; au Palais-Royal, pour y faire jouer la Vie parisienne, toujours en compagnie de MM. Henri Meilhac et Ludovic Halévy, les deux poètes du corps franc que suivent partout la victoire et les fabuleuses recettes. N’est-ce pas chose rare et sans exemple jusqu’ici que ce musicien, qui ne s’inquiète jamais de savoir comment on exécutera sa musique, et qui a découvert le secret de réussir en dehors de toutes les conditions connues ? Qu’on se plaigne autour de lui de la disette des chanteuses, de l’absence des ténors, Offenbach n’en tient compte ; il n’a qu’à frapper de son bâton de mesure les théâtres les plus stériles : les chanteuses, les ténors y poussent en abondance, et sa troupe est au grand complet.

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Paul Smith.

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